Taras Fanè
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Vide tes poches (Hilary)

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Message  Nessmaïa Mer 3 Aoû - 17:59

Je me dessinai une drôle d'expression. Mes lèvres s'étaient retroussées, et mes sourcils ainsi que mon nez s'étaient froncés. La bouche déformée comme la grimace d'un animal sauvage, je semblais guetter le moindre mouvement d'une proie. Aussi, une courte crinière sombre s'ébouriffait autour de mon visage rebel. Bien que lisses et soyeux, mes cheveux s'emmêlaient sans me donner aucune explication. Cet étrange petit balet capillaire attirait l'attention et dissimulait au monde de larges yeux bleus emplis de malice. Néanmoins quelque indice trahissait ma coquine attitude. A chaque sourire, une fossette creusait ma pomette et annonçait de grands éclats de rire. Pareils à un miroir que l'on casse, ces derniers s'éparpillaient sur le sol pour donner l'illusion d'une réalité éclatée.


Ma proie, c'était lui.


L'homme à l'air maussade, derrière son comptoir. Un aubergiste aigri. Il était las, sur son modeste trône de bois, tel un roi sans divertissement, et son regard se perdait dans l'eau trouble du verre qu'il tenait. Quel petit bonheur, pensai-je. Il est là ; il ne se doute de rien. Il n'appréhende pas.


Doucement, je m'avançai. Mes chaussures maculées de boue ne faisaient qu'un avec le parquet ; tandis qu'elles le caressaient lentement, le plancher s'endormit et m'épargna ses craquements indiscrets. J'étais une ombre dans la nuit ou plutôt l'enfant sans corps ni ombre dans le jour.

Ma petite taille me permettait de satisfaire mes désirs insolites. Je me cachais deça delà, flânais dans une ville de chaises, à quatre pattes. C'était un jeu. L'unique règle : demeurer invisible. S'ôter des regards et avancer vers le comptoir sans être vu. Pour y parvenir, tous les moyens étaient bons. Ramper telle une vipère, serpenter entre les meubles avec agilité, observer sa victime et attendre le moment opportun.

Mon homme était là - toujours aussi las -, plongé dans les songes de son gobelet. Peut-être, ce dernier avait-il de la valeur. Etait-il serti de pierres précieuses, avec quelque adorable inscription ? Je ne le savais guère. De ce fait, je tentai d'approcher mes yeux de l'objet. Je pourrais apprécier la valeur de celui-ci, et ainsi savoir s'il fallait le voler aussi.


« Pas terrible tous ces saphirs. Ca fait bling bling », murmurai-je à mon complice invisible - compagnon dont nous ne parlerons pas étant donné qu'il n'existe pas ; qu'il est inutile de troubler l'esprit du lecteur avec des personnages qui n'existent pas -.

Ma réplique me fit rire. Un rire que je m'efforçai d'étouffer pour ne pas trahir ma présence. J''avais un goût prononcé pour le précieux mais le gobelet en verre me semblait ridicule. Je n'en avais jamais vu auparavant. Tous ceux que je possédais étaient faits de métal, d'or le plus souvent, et avaient plus d'éclats. Face à la pauvreté du matériau principal, les saphirs généraient un fort sentiment de pitié . Ils me faisaient penser à ces rares dames croisées dans la rue qui se fardaient les joues à outrance pour camoufler leurs traits disgrâcieux. Suffisait-il d'incruster trois bouts de pierre bleue pour rendre un objet précieux? Heureusement non. Par ailleurs, mes yeux experts ne seraient jamais dupés par quelque ruse de ce genre.

De ma poche, je sortis une poignée de bonbons aux fleurs et les avalai avec plaisir. Le doux parfum de lavande ravit mon palais. Les lèvres pleines de sucre, je déclarai tout bas : « Homme qui rêvasse trépasse ».

Hop ! En un tour de main, je dérobai suffisamment de pièces d'or de son sac pour me payer une semaine à l'auberge. Le tintement de la monnaie dans ma poche emplie de friandises me fit sourire. J'étais fière de moi, satisfaite de ma chasse et de mon butin. A présent, d'innombrables trésors peuplaient mes poches à moitié décousues ainsi que ma besace. J'aimais à sentir tout ce relief sous le tissu, ces bibelots dissimulés, ces sucettes au miel ou à la lavande, les sentir capturés, emprisonnés dans l'habit, incapables d'en sortir, et les imaginer crier, hurler de les libérer.
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