Taras Fanè
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Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary)

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Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary) Empty Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary)

Message  hilary ewilan Dim 26 Juin - 14:05

Je sortais à peine d'Asteras, lorsqu'une jeune elfe décocha une flèche dans ma direction. De nouveau elle banda son arc court et l'arme de jet piqua vers le bas avant d'avoir atteint sa cible. Moi. Je haussai les sourcils, étonnée, puis me baissai pour arracher de la terre la hampe en bois.


Peut-être qu'elle s'entraîne.. me dis-je en observant l'archère.


Il me sembla que c'était une novice car elle n'était équipée que d'un arc. Un petit arc dont la verge en bois avait été rafistolée avec de grands bandages. Le genre d'objet que l'on vend une soixantaine de pièces d'or à l'armurie du coin.


En parlant de monnaie.. il ne te reste pas grand chose... En effet, j'ai acheté dans une échoppe plusieurs potions de vie, et autres breuvages. Ah ! Tu vois que la ville a du bon ! Tu peux trouver à Asteras ce que tu ne trouveras nulle part ailleurs. Il est vrai, néanmoins on peut toujours s'approvisionner dans divers villages. Tilador est d'ailleurs sur notre route.



Je retirai mes souliers en cuir pour enfiler de vraies bottes de marche puis je me mis en chemin. La route dallée qui menait jusqu'à Tilador était peu fréquentée à cette heure de l'après-midi. Et ce n'était pas pour me déplaire. Aussi, les personnes qui tour à tour croisaient mon chemin ne m'adressaient point la parole. Pour tout dire, je ne faisais pas attention à elles non plus. Cependant, un Haut-Elfe attira mon regard. Il s'agissait d'une femme. Sa peau bleutée semblait vouloir m'hypnotiser. Un hâlo de lumière grisâtre l'enveloppait et donnait l'illusion qu'elle flottait au dessus du sol. Je remarquai combien sa silhouette était élancée et ajoutait à sa grâce. Sa chevelure, épaisse mais souple, lui arrivait au milieu du dos et s'agitait dans le vent. Il y avait en elle quelque chose de mystérieux, voire même de mystique.
Etait-elle un songe ? Il fallait que je découvre si elle était plus qu'un mirage. De plus, la curiosité m'avait piquée.

Alors je m'approchai doucement de l'individu, feignant de ne pas l'avoir vu. A sa hauteur, je vis que l'elfe tenait un bâton ô combien extraordinaire. C'était une branche d'un arbre millénaire avec une extrémité noueuse dans laquelle était logée une pierre précieuse, ou quelque chose de brillant. Soudain, je devinai ce qui diffusait cette lumière grisâtre, parfois nacrée.


Dernière édition par hilary ewilan le Dim 26 Juin - 14:09, édité 1 fois
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Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary) Empty Re: Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary)

Message  hilary ewilan Dim 26 Juin - 14:05

Soudain, une lueur argentée aveuglante émana du bâton. J'étais éblouie ; je ne comprenais pas, plus, ce qu'il se passait. Il me sembla que l'étrangère parlait et ceci, très rapidement.

A qui parlait-elle? Me parlait-elle à moi?

Les mots chuchotés s'emmelaient et s'entremêlaient. Par l'ouïe je perçus néanmoins qu'il était question d'Aletheria. Aletheria, un mot à caractère sacré que l'elfe accentua et articula.

Dans ma tête, toutes mes pensées se désordonnèrent. Et puis celles-ci me quittèrent, comme soulevées par le vent. Mon corps quant à lui tremblait. Chaque parcelle de ma peau était soumise à quelque pression, à quelque coup. Et puis mon corps ne trembla plus, et j'étais bien. La transe dans laquelle j'étais entrée avait cédè la place à un bien-être profond et réconfortant. Les anaphores construites autour du mot de la déesse ne me perturbaient plus. Mon âme s'était libérée de ses troubles, et mon corps de ses douleurs. La curiosité me reviendrait sans doute plus tard. Pour l'heure, je ne voulais penser à rien. De fait, l'incantation faite par la mystérieuse femme avait réussi. Mes jambes n'étaient plus engourdies. Aussi, me semblait-il, je me regénérais de l'intérieur.
Je sentais la mana dégouliner de mon bâton de sorcier. La volupté de la magie mouillait le bourgeon placé en son extrémité puis descendait tout coulant sur mes doigts.


Tandis que j'assistais à ma propre transformation, le ciel s'assombrissait peu à peu. La nuit s'abattait sur Asteras et les contrées alentours, sonnant la fin des combats et l'heure de rentrer aux foyers. Pour ma part, il n'y avait pas de foyer. Il n'y en avait jamais eu. Ou plutôt si, mais il y a fort longtemps.
Je me dis que la nuit était une belle chose, un phénomène physique d'une grande poésie. Et même, d'une poésie infinie. Le royaume de la nuit m'inspirait la nostalgie et le mystère... l'image même de la créature qui se trouvait devant moi et qui avait invoqué la déesse de la lune.
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Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary) Empty Re: Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary)

Message  hilary ewilan Dim 26 Juin - 14:06

Lorsqu'enfin je retrouvai tous mes esprits, la bonne elfe avait passé son chemin.

Je l'aperçevais encore, mais je me dis que bientôt elle serait hors de mon champ de vision. Cette idée m'attrista au plus haut point. Je ne pensais d'ailleurs pas être capable de tristesse, n'étant point douée de sentiments. Si on ne définit pas le mépris comme un sentiment. Nombre d'elfes m'exaspéraient mais jamais ils n'avaient fait naître un sentiment chez moi, qu'il fût de haine ou d'amour. Les aventuriers de pacotille et les guerriers nés n'avaient de moi que l'indolence des gens qui se retirent de la société. La nature était mon lieu d'habitation, mon mode de vie, ma croyance. Et peut-être avait-elle développé ou exalté quelque sentiment jusqu'à lors méconnu en mon coeur.

Déjà, m'avait-elle donné un regard. Le regard des gens qui savent voir. Un regard empreint de sensibilité.
Et à travers ce regard, je voyais en l'étrangère qui s'éloignait l'expression même de la nature. La personnification de la nuit et de son astre, de ses étoiles et de ses légendes.


Pour moi, il ne faisait nul doute que j'allais la suivre.
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Message  hilary ewilan Dim 26 Juin - 14:06

Après m'être reposée quelque instant, je repris ma route. Une route que l'inconnue m'avait déjà toute tracée. L'elfe, néanmoins, marchait d'un pas rapide et il était bien difficile de la suivre. Ses pieds touchaient à peine le sol et il me sembla même qu'ils bondissaient.

Ainsi, je suivis la bonne magicienne - pas tout à fait sur ses talons - jusqu'à une grande prairie. Là, un groupe d'elfes s'était formé. Des guerriers nés et des aventuriers en papier affluaient, gémissant, grognant, éternuant ou parlant gaiement, emplissant peu à peu l'endroit de bruit.


Cette vision me fait pâlir. Allons donc, remets toi, ce ne sont que des elfes. Tu sais bien comme je suis en marge de la société, et comme les elfes m'agacent ! Tantôt ils m'indifférent, tantôt ils enclenchent le mépris. Tous sont empêtrés dans les convenances, et s'improvisent héros. Et d'ailleurs, j'ai toujours dit..

Un jet de lumière nacrée me frappa de plein fouet, interrompant mon monologue intérieur.



Soudain, je baignai dans une lumière tiède et la fatigue m'abandonna. Sans doute avais-je été touchée à nouveau par la bonté de la magicienne. Chacun de mes membres paraissait s'épanouir, se déployer comme les ailes neuves d'un jeune oiseau.


Lorsque cette sensation disparut, que je revins à moi, je compris que d'autres avaient été touchés par le sortilège. En effet, parmi les elfes en cercle autour de la mystérieuse femme, certains avaient fait un soubresaut et radicalement changé d'attitude. Les personnes présentes s'interrogeaient sur ce qu'il venait de se passer. A l'évidence, beaucoup d'entre elles n'avaient pas été formées à l'Arcane et ne connaissaient rien à la magie. Un homme blessé, non loin de moi, avait vu ses blessures cicatriser puis disparaître en quelques secondes. Par des " ah " et des oh!", sa surprise n'avait eu de cesse de s'exprimer. La magicienne venait de semer le trouble dans l'esprit de chacun et je la soupçonnai fortement d'en profiter pour s'enfuir.


« J'en étais sûre...» murmurai-je, attirant le regard indiscret d'un épéiste.



L'étrange elfe que je m'acharnais à poursuivre s'en allait en sautillant. Alors, je traversai la foule avec un certain dégoût pour la rejoindre au plus vite. A ma grande surprise, une elfe se détacha du groupe et m'emboîta le pas. Elle semblait aussi intriguée que moi par la magicienne. La cape qu'elle baladait dans son dos était si nauséabonde que je devinai qu'il s'agissait là d'une aventurière et une vraie de vraie. Le genre ermite.

Une ermite, ainsi qu'une paria - moi - et une étrange magicienne : cela me plaît. Personne ne parlera à personne. Personne ne cherchera l'amitié de personne.


Je lançai un rapide regard à celle qui m'avait suivie, puis me tournai vers celle que je suivais. Cette dernière s'éloignait, presque avalée par le brouillard qui flottait autour d'elle.
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Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary) Empty Re: Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary)

Message  hilary ewilan Dim 26 Juin - 14:07

Je marchais aux côtés de l'elfe à la cape, lorsque j'entendis un craquement de branche. Je relevai la tête et m'aperçus que nous traversions un bout de forêt. De petits oiseaux au plumage ambré piaulaient et déterraient des vers du sol. Un sol recouvert d'humus et de feuilles mortes délavées. Cet environnement me réconforta. Je me sentais chez moi. Néanmoins, la nature me semblait triste ici. Ou fatiguée, peut-être. Les arbres avaient perdu, tels des fleurs qui fânent, la quasi-totalité de leurs pétales. Aussi, le ciel s'ennuageait-il un peu plus chaque seconde, ajoutant à la poésie du paysage. De fait, les lieux s'imbibaient de romantisme. Ici, nos sens et notre imagination l'emportaient sur notre raison. D'ailleurs, j'étais souvent restée béate devant la faune et la flore des forêts, que la végétation fut luxuriante ou mourante.


« Nous entrons dans une région froide », fis-je doucement, sans chercher à parler à l'elfe qui me suivait.


Au sortir de la forêt, je vis une vaste étendue de neige sur la colline. La magicienne s'était aventurée par delà le manteau blanc dans un endroit méconnu de moi. Je retirai mes bottes de marche afin de sentir la texture de la substance glacée. Malgré le nombre de mes périples, je n'avais jamais approché la neige.
Quelle drôle de sensation ce fut lorsque je posai mes pieds nus sur le duvet blanc !

J'expirai longuement pour voir se former de ma bouche un épais et tiède nuage dans le froid. Chacune de mes bouchées d'air me glaçait la gorge, et les poumons.
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Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary) Empty Re: Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary)

Message  hilary ewilan Dim 26 Juin - 14:07

Je marchais depuis des heures, lorsque j'aperçus la magicienne. Elle se tenait debout dans la blancheur éclatante du paysage et semblait m'attendre. Ses cheveux voletaient dans le vent, s'emmêlant inextricablement. Un frisson me parcourut. Le visage de l'elfe semblait avoir disparu. Comme effacé derrière une chevelure trop sombre.


« J'ai mal vu sans doute...», fis-je à voix haute.


Mon regard se porta ensuite sur l'elfe à la cape qui était arrivée à notre hauteur. Elle m'observa silencieusement avant de s'agenouiller. Là, elle enfonça ses doigts dans la neige. Je devinai que l'elfe cherchait la sensation du froid. Par ailleurs, ses mains avaient rougi et gonflé. Du rouge, elles avaient viré au violet et enfin, au bleu. Je pensais que nous trois, la magicienne, l'inconnue et moi, étions aux couleurs de l'hiver. Une saison ô combien magnifique qui souffrait d'une image trop sévère à mon goût.

Je n'eus pas le temps d'y songer bien longtemps. La magicienne s'engouffra dans un passage assez sombre.


Où veut-elle te mener? Tu devrais être prudente. Je ne saurais l'expliquer, mais je lui fais confiance...


A mon tour, j'empruntai le chemin, avec l'elfe à la cape sur mes talons. Le sol me parut tout à coup humide, le chemin détrempé. Peut-être nous dirigions-nous vers des marécages ou quelque autre chose de ce genre ? Mes pieds s'enfonçaient à mesure que je marchais.


Ne se croit-on pas dans des sables mouvants? Un peu..


Néanmoins, l'inconfort de la marche laissa vite place à l'agréable. L'endroit dans lequel nous nous rendîmes était d'une grande beauté. Les lieux étaient déserts. Peut-être étaient-ils méconnus des elfes et des nains? La neige était partout en couche uniforme, sans traces de pas, aucunes. Des bancs de terre étroits émergeaient de la neige comme pour nous saluer.

En haut d'une pente légère, il y avait un étang. Celui-ci s'étalait devant nos yeux et débordait sur la glace. L'eau serpentait jusqu'à nous et butait contre nos chaussures, produisant de petites lézardes sur la surface blanche et moelleuse du sol. Et tout autour, sur les coteaux, se tenaient des conifères, imposants, sages et droits. Mélèzes et sapins affrontaient fièrement la froidure hivernale. La cime et les branches de ceux-ci étaient recouvertes d'une neige immaculée. On aurait dit que chaque arbre avait attrapé des flocons pour empêcher ces derniers de se fondre et mourir dans la blancheur du sol.

Plus loin, derrière l'étang, le frimas avalait la forêt, nous laissant seulement imaginer le paysage.

« Suivez-moi...» souffla alors la magicienne, avant de s'éloigner encore.

Je frottai un peu ma tunique pour déloger la neige d'entre les plis du tissu, puis je suivis l'elfe. Au bout de quelques minutes, j'aperçus un petit feu. Apparemment, ce n'était pas l'oeuvre de la femme au bâton. Un voyageur avait-il découvert ce lieu paisible, dressé son camp et oublié d'éteindre son feu en partant? Je ne savais qu'une chose : le froid bientôt me quitterait.
Lentement, je m'approchai de l'elfe à la peau bleutée puis je m'installai face au feu. La présence d'un semblable à mes côtés n'était pas quelque chose de familier pour moi.
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Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary) Empty Re: Le mystère de l'Ornelune (écrit par Hilary)

Message  hilary ewilan Dim 26 Juin - 14:08

[...]

Suite à un séjour imprévu dans le pays des rêves, je revins près de l'étang, ce lieu de biodiversité préservée ô combien étonnant. La magicienne avait disparu, sans laisser de trace autre qu'un feu de camp. Celui qu'on avait trouvé à notre arrivée. Alors, j'étais partie me fondre dans la forêt environnante en quête de baies. Soudain, j'avais vu un petit buisson à fruits sur l'autre rive. Ne pouvant résister à cet appel, j'avais traversé le point d'eau à la nage dans le but de l'atteindre. Quelques minutes plus tard, une langue râpeuse avait trempée ma main de salive ; deux ours avaient fait leur entrée près du buis. Après s'être frottés contre moi, ceux-ci s'étaient éloignés, laissant des empreintes de pas dans la neige. J'aurais pu poursuivre ma cueillette, mais la curiosité m'avait piquée. J'avais de ce fait marché sur leurs traces, jusqu'à ce que mes pieds n'en puissent plus, et découvert une habitation des plus sommaires.

Si seulement je n'avais pas franchi cette porte. C'est regrettable. Néanmoins,l'appel de la vie est plus fort que le regret. Ne ressassons pas ces souvenirs, vivons le présent.

Le présent était beau. Les arbres n'avaient pas bougé, comme s'ils avaient attendu mon retour. Sapins et mélèzes étaient branches dessus dessous comme à notre première rencontre. Leurs écorces rêches et vieillies s'arrachaient d'elles-mêmes, telles des croutes sur la peau. Je les caressai afin de sentir les crevasses sous ma main. La nature offrait mille et une formes et mille et une textures. Comme une pluralité de couleurs. Pour celui qui ne savait voir, il y avait une forêt... mais pour le fin observateur et le poète, il y avait des arbres. Des arbres aux troncs droits ou biscornus, des branches dans toutes les directions, vers le ciel ou la terre, créeant des lignes ou des courbes, du bois brun-rouge ou blanc et lustré comme celui de l'épicéa, un pêle-mêle de formes et de coloris.

Quel beau spectacle, fis-je tout bas.


Soudain, alors que je regardais les oiseaux qui secouaient les branches et en faisaient tomber la neige, il y eut un craquement de branche. Je me dis que c'était un animal. Mais mon attention fut attirée par une silhouette.

Ce n'est pas la silhouette d'un animal ça...

Probablement la silhouette d'un elfe.

Que cherche-t-il? Pourquoi se cache-t-il? Est-il seul?


Autant de questions qui resteraient sans réponse. Et tant mieux. Ainsi, je conserverais l'ignorance des personnes dont l'âme ne se trouble pas. Je décidai de continuer à marcher, en direction de l'étang cette fois. Mes pieds s'enfonçaient dans la neige, ma gorge et mes poumons se glaçaient. Lorsqu'enfin j'arrivai sur le campement, je reconnus l'étrange elfe à la peau bleutée. Elle était revenue. Là. Là, parmi les ours. Je n'eus pas le temps de lui demander la raison de son absence, qu'elle s'était déjà éloignée. Et ce fut à cet instant précis, qu'entra en scène un loup blanc aux pattes grises. Celui-ci montra des crocs largement enchâssés dans la gencive et bondit sur la magicienne. Il la renifla, lécha son visage, hurla et jappa pour exprimer son plaisir, puis se roula sur le dos. Leur échange presque amoureux dura un moment. Moment durant lequel je fus mise à l'écart. Les ours s'étaient mis entre le couple et moi, tels des remparts, me faisant tomber au passage. Je me relevai, dépoussiérai mes habits et fouillai dans ma besace. Dans un sourire, je fis glisser deux baies rougeoyantes sur le sol. Comme espéré, l'un des ours s'avança vers le fruit, le toucha de sa patte et l'avala. Lorsque je replongeai à nouveau ma main dans mon sac, il saliva. Son regard bleu azur croisa le mien, et j'y décelai la tendresse. Presque touchée par l'attitude de l'animal, je plongeai mes doigts dans sa fourrure moelleuse, en oubliant presque les ébats de l'elfe et du loup. A peine eussé-je relevé la tête, que le loup avait disparu. Non. Il s'était métamorphosé en elfe. Un elfe à l'allure étrange. Il avait conservé des oreilles pointues recouvertes de poils et d'autres traits du loup. L'elfe posa un baiser empli d'amour et de tendresse sur le front de la magicienne. Je devinai qu'ils se retrouvaient après une longue absence de l'autre, une période de souffrance, de vide, de rien.

L'homme canidé donna un dernier regard d'espoir à sa chère et tendre. Un regard que je ne connaissais pas. Que l'on ne m'avait jamais donné.



Puis il partit.

Il y avait tant de choses à dire. Tant de choses à décrire. Par où devait-on commencer? C'était comme une chanson triste, à l'intérieur. La lumière s'éteignait sur ses dernières paroles. Une pièce de théâtre tragique. Il n'y avait rien à dire. Juste à écouter. Ecouter les sanglots, les sanglots de l'elfe abandonnée. Le chagrin la ronger dans un mal de tête epouvantable, dans les pleurs et les crises effroyables. Tout à sentir. Sentir ses larmes couler abondamment sur les joues. Les perles salées humidifier et nourrir ses lèvres. Sentir ses yeux s'emplir de nuages, de sel ; sa vue se brouiller. Sentir ses dents se serrer, son visage se crisper, son estomac se nouer et se rétrécir. Vouloir pleurer encore et encore, ne jamais vouloir en finir, en finir de pleurer, de pleurer encore et encore. Pleurer pour se sentir exister, voir combien l'on peut souffrir en pensant. Perséverer dans notre être, cet être éphémère qui a encore tant à apprendre, et tant à pleurer. Il faut se faire mal à la tête, et continuer. Continuer jusqu'à ce que nos joues, nos yeux et notre front nous brûlent. Se repasser ce refrain de l'âme qui nous précipite vers notre fin. Mais la fin repoussons-la. Souffrons encore. Encore un peu. Souffrons car c'est le seul moyen de s'effacer du monde en existant. Clignons des yeux et sentons la peau des paupières s'étirer, s'irriter. Irritons nous, encore et encore. Faisons couler les larmes, jusqu'à être sec comme le désert. Vivons, profitons de ce mal, avant que s'évapore notre âme, notre vie, sous la chaleur écablante de ce désert. Ce désert de neige et de solitude.

Ainsi était la magicienne, seule au clair de lune.
Un peu comme moi, me dis-je
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